Note : cette chronique est proposé par Franck du blog Le Bonheur en Famille.
Bonjour chers lecteurs fidèles de Chang, je suis très content de pouvoir vous écrire un article aujourd’hui à travers son blog.
Je tiens à le remercier chaudement pour m’avoir permis de publier cette rubrique. Je m’appelle Franck Conti, je suis comptable de profession, et je suis l’heureux papa de deux adorables chérubins : Lino 6 ans et Apolline 4 ans. (Aie le temps passe…).
Je suis également formateur en Discipline Positive et c’est toujours avec grand plaisir et une grande passion que je parle de cette méthode d’accompagnement des enfants, à travers mon blog « le bonheur en famille », ou lors d’ateliers avec des parents, ou des séances de coaching.
Le chemin que nous avons suivi avec ma femme concernant l’éducation de nos enfants n’a pas été un long fleuve tranquille, malheureusement. Ou peut-être heureusement, car c’est ce qui m’a permis de découvrir l’éducation bienveillante finalement.
Comme tout parent, je pense, l’annonce de l’arrivée d’un petit locataire à la maison est souvent un mélange de joie et de stress. Ou alors, il faut une bonne dose d’inconscience pour ne sentir aucune pression face à ce joyeux évènement.
Surtout du bonheur car, ce petit bout, nous l’attendions avec impatience. Mais aussi du stress, car nous allions emprunter des chemins inconnus, qui nous l’espérions ne seraient pas trop semés d’embuches. Mais malheureusement, nous n’imaginions même pas la somme de tracas à laquelle nous allions être confrontés dans l’éducation de nos enfants.
Tracas car bien sur nous voulions bien faire. Celui ou celle qui se fiche des conséquences de ses actes ne se rend même pas compte des suites que peut entraîner une éducation ratée.
Mes parents ont pu avoir quelques failles dans la façon de nous élever mon frère et moi, et c’est pour ça que je ne pouvais pas me contenter de reproduire les schémas qu’ils avaient mis en place. C’était des schémas d’éducation anciens et inefficaces, la science moderne, et notamment les neurosciences affectives et sociales, l’a prouvé.
Et pourtant, ces mauvais conseils, je les appliquais en tant que père, peut être par facilité, ou par fatigue après une grosse journée de travail, ou par ignorance parfois. L’éducation que nous mettions en place était basée sur un rapport de force. Nous commandions, ils obéissaient, il n’y avait pas à discuter.
Et il faut être honnête, nous ne nous en sortions pas avec nos enfants avec cette façon de faire, et nous nous sommes sentis complètement débordés par notre rôle éducatif. C’était une escalade permanente et un affrontement continuel.
Nous avions du mal à passer une journée sans crier, sans menacer, sans punir nos enfants. Quand ce n’était pas le chantage, la culpabilisation, ou même parfois des petites fessées.
Et de ce fait, notre temps de famille, au lieu d’être joyeux et reposant, était rythmé par le stress, la peur de l’escalade des tensions entre nous et eux, la fatigue et la colère. Je pense que vous avez aussi, chers lecteurs, vous voyez de quoi je parle. Vous avez du (ou devez) vivre ce genre de journée et de situation conflictuelle.
Et si en plus on a le cumul du stress éducatif avec une journée de m…au travail, et voilà tout ce qu’il faut pour un cocktail explosif et déprimant.
Car quelles sont les conséquences de tout cela pour nous en tant que parent? Tout d’abord de la culpabilité. Je n’ai jamais disputé injustement un de mes enfants, ou utilisé une méthode « rapide » comme le chantage ou la fessée sans m’en vouloir après. Ou alors j’utilisais un subterfuge pour ne pas culpabiliser : « il l’a mérité », « il l’a bien cherché » ou encore « ce n’est pas ma faute, il faut que j’ai le dessus, ou qu’il soit frustré, c’est pour son bien de toute façon ».
Ou comment rejeter la faute sur l’autre quand vous savez que vous avez tort.
Je dis volontairement « disputé injustement » car en analysant au calme mes emportements vis-à-vis de mes enfants, 99% des fois j’aurais pu dire calmement ce que je disais agacé ou en colère.
Et du coup le message ne passait pas, ou très mal. Qui ne s’est pas fait enguirlandé au travail, et n’a retenu que le savon passé mais pas le message de son supérieur ?
Conséquence : pas de plaisir pour nous parents, stressant pour les enfants aussi. Et l’impression qu’ils ne nous écoutent pas et que les choses empirent.
J’avais vraiment eu le sentiment que l’éducation était une bataille contre nos enfants. Qu’il fallait absolument un gagnant et un perdant (de préférence eux bien sûr). Parfois, je voyais Lino, que j’adorais plus que tout au monde, comme mon adversaire. Et bien sûr les crises ne s’arrêtaient jamais.
J’avais surtout peur que ce mode d’éducation ait des conséquences négatives sur l’évolution de nos enfants. Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que l’utilisation du chantage, de la menace, de la culpabilisation, voire des violences physiques peut avoir un effet immédiat, mais ALLAIT SUREMENT laisser des traces sur leur développement.
Pour comparer avec le glyphosate qui est d’actualité, et sa déclinaison auprès des particuliers, le Round Up, bien sûr on tue les mauvaises herbes tout de suite, mais à quel prix ? Pollution des sols, risque de cancer, etc…
C’est à partir de là que j’ai commencé mon long chemin initiatique vers la parentalité bienveillante.
J’ai vite été passionné par le sujet, et rapidement je me suis à dévorer les livres, les vidéos sur YouTube, pour ensuite me rendre dans des conférences et des séminaires.
Totalement passionné, j’ai continué mon apprentissage jusque passer le diplôme de formateur en parentalité positive.
Et actuellement, je suis en train de devenir formateur en méthode Montessori.
Je ne me limite pas à ces deux courants de pensée, et j’aime bien me nourrir d’autres écoles que je trouve intéressant également, comme la communication non violente ou Isabelle Filliozat pour ne citer qu’eux.
Mais dans cet article, c’est l’approche Discipline Positive, créée par Jane Nelsen que je me propose de vous faire découvrir.
Il faut savoir que cette méthode d’éducation bienveillante n’est pas nouvelle, car elle puise ses racines dans les travaux de deux psychiatres autrichiens du début du 20ème siècle : Alfred Adler (1870-1937) et Rudolf Dreikurs (1897-1972). Deux besoins fondamentaux de tout être humain ont été mis en avant par ces médecins: les sentiments d’appartenance et d’importance.
A partir du moment où ces deux besoins sont comblés, alors l’homme ou la femme pourra s’engager dans un processus défini par Adler comme étant « l’intérêt social ». Ce processus lui permettra de donner le meilleur de lui-même.
Prenant la suite de ces deux précurseurs Jane Nelsen inventa la Discipline Positive. Elle publia un premier livre en 2006, qui connut un succès phénoménal aux USA. Avec Lynn Lot, elles publièrent un autre livre plutôt tourné vers les adolescents (publié en France en 2014).
Jane Nelsen est une psychologue et éducatrice. Elle est titulaire d’un diplôme universitaire ès sciences en développement de l’enfant et les relations familiales à l’Université Brigham Young en 1969 et d’un Doctorat en éducation à l’Université de San Francisco en 1979.
elle est également mère de 7 enfants, et grand-mère de 5 enfants.
C’est la psychologue Beatrice Sabaté qui est à l’initiative de l’introduction de cette méthode d’éducation en France. Elle a fondé par la suite l’association Discipline Positive française.
Le but de cette pratique est d’apprendre aux enfants les compétences psychosociales. Elle allie à la fois bienveillance et fermeté. Ce qui a mes yeux est très important, et qui explique que j’adore cette discipline.
Elle n’est ni permissive, ni punitive. Elle est ferme pour respecter le monde des adultes, et bienveillant pour respecter celui de l’enfant. C’est une méthode qui permet aux jeunes gens de développer les compétences de vie nécessaires pour devenir des adultes épanouis.
Le résultat à atteindre est de développer chez les enfants le sens des responsabilités, l’autodiscipline, le respect et les compétences sociales.
Nous allons voir maintenant les grands principes de la Discipline Positive.
1. Les êtres humains, et donc les enfants, sont des êtres sociaux
« Le sentiment de solidarité, de communion est implanté dans l’âme enfantine et il ne quitte l’individu que sous l’action des plus graves déviations. » – Adler
Selon Adler, l’enfant est bon à la base. En lui est implanté le sentiment de solidarité. On s’oppose un peu de la psychanalyse, pour qui l’enfant a des pulsions que les parents doivent contrôler et corriger. Le sentiment de solidarité est commun à tous les enfants, mais peut disparaitre à la suite d’évènements plus ou moins graves.
2. Un des besoins essentiels chez l’homme est d’appartenir et d’avoir de l’importance
C’est essentiel. Tout enfant a besoin de savoir et sentir qu’il est désiré et qu’il a sa place dans sa famille, sa classe d’école, et plus largement dans la société. Il est important et même essentiel de lui faire comprendre et sentir cet état de fait. Personnellement, j’ai résolu pas mal de crises chez ma fille en lui faisant comprendre qu’elle faisait partie de notre famille, qu’elle y avait sa place, et qu’on tenait énormément à elle. Sachez que même si cela vous parait évident, pour les enfants ce n’est pas un acquis. Et il est bon de temps en temps de le leur rappeler.
3. Tout comportement d’un enfant est porté vers un but
Le point précédent nous donne une piste importante sur le travail à faire par les parents : il faut comprendre les actes de nos enfants, faire preuve d’empathie, et essayer de traduire l’attitude de nos zamours. Dès que l’on a accepté que chaque acte a une raison profonde (un peu comme un message caché), on peut essayer d’analyser les comportements inappropriés des enfants et rechercher ce qu’ils veulent nous dire, notamment ne s’agit-il pas d’une conséquence d’un sentiment de rejet ?
Jane Nelsen évoque 4 objectifs miracles, c’est-à-dire 4 sources de comportements inappropriés :
- Accaparer l’attention
- Prendre le pouvoir
- Prendre une revanche (c’est-à-dire faire souffrir celui qui a fait souffrir, style « maman je te déteste)
- Confirmer la croyance d’incapacité (se désengager de la famille ou la classe en confirmant l’image que l’enfant pense qu’on a de lui)
Ces objectifs sont l’arbre qui cache la forêt : derrière, il y a des besoins insatisfaits. Tant que l’on n’aura pas compris ce qui se joue derrière ces comportements, on ne pourra pas les arrêter.
Concrètement, ma fille était en prise de revanche avec sa maman. Car elle se sentait rejetée. Bien sûr à tort. Mais chaque humain interprète les événements à sa façon. Demandez à deux protagonistes leurs versions d’un conflit : chacun ira de son point de vue. Comme je l’ai dit avant, tout est rentré dans l’ordre quand j’ai insisté sur son appartenance à notre famille.
4. Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé
Quand un enfant a un comportement inapproprié, souvent nous entrons en conflit avec : il m’a mal parlé, c’est inadmissible.
C’est normal, ce n’est pas facile, et il m’arrive encore à me faire entraîner dans ce genre d’opposition. Mais ce genre de réaction risque d’envenimer les choses, et finalement, lui envoyer le message que « oui, tu es insupportable, je te rejette et finalement tu ne fais pas partie de la famille »
Car c’est ainsi qu’un enfant peut interpréter la colère du parent. Il conviendra plutôt à la place de traduire ce comportement à travers le prisme de « je veux appartenir à la famille ou à la classe » et « je veux avoir de l’importance pour toi ».
5. Pour une bonne coopération, il doit y avoir le principe d’égalité
Entre les parents et les enfants. C’est un principe fort qui valorise le respect de chacun, grands et petits. Les enfants et les adultes sont égaux en droits et en dignité.
Voici les 4 étapes que propose Jane Nelsen pour favoriser la coopération des enfants :
- Tout d’abord comprendre les émotions de nos enfants
- Faire preuve d’empathie (une étape cruciale), partager nos propres émotions, expliquer nos expériences similaires
- Communiquer notre ressenti d’adulte : ainsi cela évite les interprétations erronées
- Et enfin il convient d’encourager l’enfant à trouver ses propres solutions
6. Accorder le droit à l’erreur
Comme le dit Jane Nelsen, ls erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprendre. Notre pays à culture latine ne favorise pas les tentatives et les échecs. Et pourtant, le monde appartient à ceux qui osent. Jane Nelsen insiste sur le fait d’autoriser les enfants à se tromper, et de ne surtout pas empêcher l’échec en faisant à leur place. C’est important que les enfants fassent eux-mêmes.
Dans le suite logique, Jane Nelsen enseigne l’importance de la réparation : ce sont les 3R de la réparation :
- Reconnaitre sa part de responsabilité
- Se Réconcilier : accepter d’avouer à l’autre sa part de tort, s’excuser
- Résoudre : trouver ensemble une solution
7. La base de la vie en communauté est la responsabilité sociale
Acquérir une responsabilité sociale, c’est :
- Avoir à cœur l’intérêt d’autrui
- Nourrir un désir sincère de contribuer à la société
- Se préoccuper des autres, de leurs besoins, de leur bien-être
8. Passer un message d’amour
Ce message doit être véhiculé en permanence, et sera d’autant plus utile pendant les moments de crises et de conflits.
Chang (Parentalité Zen) : J’espère que cette chronique vous a plus. Vous êtes libre de visiter le blog de Franck pour encore plus de conseils
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Merci Franck d’avor partagé les valeurs de la DP 😊. Et comme dit Jane Nelsen, d’où nous vient cette idée que pour qu’un enfant fasse mieux, il doit se sentir mal ? Encourager notre enfant et lui donner de l’amour, c’est déjà tellement énorme 💗. Merci pour tout !
Merci pour cet article !
J’ai découvert ces valeurs lorsque ma plus grande a eu 4-5 ans (elle en a maintenant 9).
Nous partageons avec nos enfants l’idée de « soit tu réussis, soit tu apprends ». Il n’y a pas d’échec.
Pour favoriser la coopération, nous essayons de temps en temps (pas encore assez souvent) de faire des réunions de famille pour discuter de ce que chacun souhaite, de ce que chacun pourrait améliorer par rapport aux autres/aux différentes tâches de la maison, etc.
Ce sont des valeurs qui fonctionnent bien, on le voit surtout au fil des années 🙂 Merci pour ce retour d’expérience.